Les voleurs de temps - 1 - Les marchandeurs et autres humains chronophages



Qui cherche à mieux gérer son temps, sait forcément qu'il lui faut traquer et repousser les nombreux voleurs de temps. Sans cela, point de salut.
Aussi, la petite anecdote suivante m'a fait sourire :




L'anecdote :

« Les marchands d'heures »

« Je suis pressé, comme toujours. Je n'ai jamais assez de temps pour accomplir tout ce que je dois faire. Ça devient lassant. Aussi, quand j'ai entendu parler de ce type qui pouvait me vendre du temps, je n'ai pas hésité. Profession : Marchand d'heures. Je sais, des heures, ce n'est pas suffisant, c'est de jours entiers dont j'aurais besoin, mais je ne suis pas encore tombé sur "la vente du jour".
Je l'ai rencontré et, à ma grande surprise, au lieu de me vendre sa marchandise dont j'avais tant besoin, il s'est mis à vouloir acheter mes produits. Un comble ! Surtout que pour ce qui est d'acheter, sa méthode s'est très rapidement avérée exaspérante. Il fallait qu'il discute sur tous les prix. Bref, il m'a tellement agacé que finalement je ne lui ai rien vendu, ni même acheté. C'est une arnaque, ce commerce. Y a pas à dire, les marchands d'heures, c'est des bouffeurs de temps. (1) »






Amusant petit pamphlet sur un naïf qui, croyant pouvoir acheter du temps à un marchand d'heures, se rend compte qu'il en perd beaucoup avec un « marchandeur » :-)

Quiproquo malheureux mettant en évidence que, si le temps ne s'achète pas en bouteille au supermarché du coin (voilà un créneau pour un génial inventeur dont la fortune serait assurée), certains individus sont par contre capables de nous voler ces précieuses heures déjà trop rares.

Oui, il faut le dire et le répéter mille fois : la meilleure méthode pour gagner du temps, c'est de ne pas en perdre. Et force est de constater que si nous nous plaignons de manquer de temps, nous sommes tous coupables de le gaspiller honteusement. Parfois par nos mauvaises habitudes, d'autres fois par manque de prévoyance ou d'organisation (ce qui fera l'objet d'autres articles). Mais très souvent, les voleurs de temps sont humains. Et s'ils sont condamnables pour leurs terribles exactions, ces voleurs-là ne sont pas passibles de peines de prison.

Vous avez 8 heures actives, peut-être moins, dans une journée de travail. 8 heures, c'est déjà très peu. Mais que reste-t-il quand votre épouse (ou époux) vous téléphone 15 fois sur la journée pour vous parler de choses qu'elle (il) pourrait très bien vous dire le soir à votre retour ? 15 x 10 min = 150 minutes en moins. Deux heures et demie.

Et si votre cousin Henri (ou Pierre, ou Paul ou Jacques) vous tient la jambe au téléphone (vous voyez le tableau) pendant une heure, la moitié de la journée y est presque passée.
Ensuite, les collègues de bureau, qui viennent toutes les 10 minutes vous poser une question (“une toute petite question, je suis sûr que toi, tu auras la réponse tout de suite”). Le problème, c'est qu'une fois l'inopportun repartit, il vous faut 10 minutes pour vous replonger dans votre travail.

“Où en étais-je, voyons... Ah oui ! ”
C'est-à-dire que lorsque vous vous y remettez, il est temps de répondre à une nouvelle question du quidam ou de l'un de ses acolytes (ils se relaient souvent pour vous déranger)

Lorsque vous avez fait votre B.A. pour chacun d'eux, vous vous rendez compte qu'il vous reste une heure, voire deux, pour boucler tout le travail de la journée.

Alors, il va falloir assurer lors de l'entrevue avec ce nouveau client. Mais pas de chance, vous voilà face à un marchandeur, qui ne cesse de demander de diminuer, de rabaisser, de raboter et minimiser… et votre entrevue se rallonge, s'étend, se ramifie, s'épanouit, vous allez y passer la nuit…

STOP !!! C'en est trop ! Avant de péter un boulon et de commettre l'irréparable (étrangler un client est du plus mauvais genre pour la réputation d'une entreprise), demandez-vous où le bât blesse ?

Votre problème ? Le mien (mais oui, je suis comme vous) ? Le Nôtre ?

Nous ne savons pas dire NON !

Nous ne voulons pas faire de la peine à notre conjoint(e), à notre cousin Henri, ni décevoir nos collègues, ni rebuter nos clients. Alors, on ne leur refuse rien… et par là même, on se refuse tout. Car il ne nous reste plus de temps pour bien faire ce que l'on DOIT faire, ni pour se relaxer, se reposer, tout simplement vivre.

Pour contenter tout le monde, une seule solution : APPRENDRE À DIRE NON.

Vous avez peur d'être mal vu ? C'est drôle ! Car contrairement aux apparences, ceux à qui vous aurez l'honnêteté de refuser ce que vous ne pourrez de toute façon pas leur donner, ne vous en voudront pas. La plupart du temps, ils comprennent et vous sont reconnaissants d'être franc et de ne pas leur faire de promesses que vous ne tiendrez pas.

Et quand vous aurez enfin le temps qu'il vous faut pour exécuter vos obligations, ils seront heureux de vous trouver plus efficace, et d'être enfin plus disponible pour eux… dans la mesure du raisonnable.

La petite histoire pourrait donc se terminer ainsi :




Épilogue :

Premier coup de fil de la journée : Ma femme ! Déjà ? Je lui rappelle que je viens de la quitter il y a à peine une demi-heure et qu'à moins que la maison soit en flamme, elle ne doit plus me contacter pour des questions que nous pourrons régler ce soir. Non, je ne suis pas dur, mais si j'arrivais enfin à boucler ma journée, je pourrais rentrer plus tôt et nous aurions le temps d'aller manger au resto ce soir pour en parler à notre aise. L'idée lui a plu. Elle ne m'appelle plus.

Ma secrétaire : “Votre cousin Henri sur la une… et votre oncle Jacques sur la trois”.
Moi : “Mettez-les en conférence, mais sans moi. Ils tiendront bien une heure ou deux à se raconter une tranche de vie, eux qui se voient si peu”.
Ma secrétaire : “Mais vous allez bloquer deux lignes”
Moi : “Tant mieux. On perdra moins de temps à répondre, et avec ces lignes occupées, nos clients se diront que ça marche bien pour nous”

Un collègue à la porte de mon bureau. Je ne lui laisse pas le temps de poser sa question, car il y a toujours une question.
Moi : “J'ai ta réponse”
Lui : “Mais je ne t'ai pas encore posé la question”
Moi : “justement, ne la pose pas. Pose-toi plutôt la question de savoir pourquoi tu ne te poses jamais tes questions à toi-même alors que tu connais toujours les réponses que je te donne”.
Lui : “C'est que… ça me rassure de savoir que est du même avis que moi”
Moi : “je sais. Tu as de bonnes idées et tu devrais être plus sûr de toi. Tu n'as pas besoin de mon approbation. J'ai confiance en ton jugement, sois-en certain”.
Il repart, fier de ma confiance, et ne m'interrompt plus le reste du temps que je peux mettre à profit pour abattre toutes les tâches planifiées. Je rentrerai à l'heure ce soir, et finalement, tout le monde est content.

Ah ! J'oubliais mon “marchandeur” ! À peine arrivé, il commence à négocier, argumenter, faire comprendre qu'il pourrait acheter ailleurs et qu'il faudrait faire un effort…
Je le laisse prendre son élan 2 minutes chrono, puis je l'interromps.
– “je vous arrête tout de suite. Je sais que votre temps est précieux et je ne voudrais pas le gaspiller inutilement”
Il me regarde abasourdi
J'enchaîne : “Plus que nos produits maison, ce que vous voulez c'est une remise, exact ?”
Il hoche la tête, surpris que ce soit si facile : “Oui, je voudrais une remise.”
Je l'invite à se lever et l'entraîne vers la porte en lui disant jovialement :
– “J'en étais sûr. Il se fait que nous n'en vendons pas, mais je vais demander à ma secrétaire de vous donner l'adresse d'une société spécialisée. Vous m'en direz des nouvelles. Je leur ai acheté une remise de jardin où je range mes outils. Vous ne serez pas déçu. Au revoir Monsieur Marchandeur…”

Ma secrétaire me demande si je n'y suis pas allé un peu fort avec ce client qui ne m'aurait sans doute rien acheté après m'avoir liquéfié dans un marathon verbal de 3 heures. Je lui demande de prendre rendez-vous avec un prospect prometteur que j'étais forcé de faire attendre, faute de temps… du temps où je n'avais pas le temps parce que je ne savais pas dire non.

Et je rentre chez moi… à l'heure… et même un peu plus tôt.




Sylvain Hope (Inside Jewel)

Ecrit des articles sur le développement personnel et la gestion du temps par une approche originale, parlant sans tabous, mais avec une touche d'humour.

(1) Avec l'aimable autorisation de Babelweb, le site des auteurs amateurs

Articles connexes :
Les voleurs de temps - 2 - Les addictions chronophages
Les voleurs de temps - 3 - Les outils chronophages
Les voleurs de temps - 4 - Les attentes chronophages


 




Processus de création du temps du point de vue subjectif de l'esprit humain

Du grec ancien
chronos (« temps »)
génésis (« origine, création »)

(Figuré) Création, production des oeuvres de l'esprit humain

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